20 septembre 2009

Mise au vert

Doppler, Erlend LOE

Un retour à la nature dans la veine de Paasilinna.

Est-ce l’accident de vélo ? Est-ce la mort de son père ? La crise de la quarantaine ? Quoi qu’il en soit, Doppler a décidé de quitter la ville et ses contemporains, et plus particulièrement sa femme et ses deux enfants, pour aller vivre dans la forêt aux abords d’Oslo. Fuir les autres, car avant toute chose Doppler n’aime pas les gens. Leur vie minuscule de Norvégiens, leur « application », cette faculté innée de se conformer aux attentes et d’essayer de faire le mieux. Doppler est résolu : il ne veut plus être « appliqué ». Alors dans la forêt, il goûte à l’oisiveté et se donne pour programme de ne rien faire.
Il faut néanmoins subvenir à ses besoins vitaux. Alors il vole, parfois, ou tente de troquer au supermarché la viande de l’élan qu’il a tué de ses mains. Pas facile, d’ailleurs, de tuer un élan, surtout quand après il faut s’occuper d’un jeune élan orphelin. Qu’à cela ne tienne : Doppler n’a rien contre un compagnon, surtout si, comme Bongo le jeune élan, il est plutôt silencieux…
Parviendra-t-il à rester ainsi coupé du monde et à échapper à ses obligations ? Car, quand même, on rencontre parfois des personnes intéressantes qui, comme lui, vivent en marge de la société. Par exemple ce vieil homme qui passe sa vie à construire une reproduction en miniature d’une scène de la bataille des Ardennes où son père a trouvé la mort. Tiens ! En voilà une idée : rendre hommage à son père disparu. Doppler pourrait à son tour réaliser quelque chose : un totem !
Comme chez Arto PAASILINNA, le parcours décalé d’un personnage qui n’a rien d’héroïque est l’occasion de passer en revue les travers de la société, ici la classe moyenne norvégienne. L’éducation des enfants, l’absurdité du monde du travail, les sur-consommation, la propriété … C’est parfois un peu facile, mais souvent amusant. A partir de l’idée, pas très originale, du retour de l’homme à la nature et de la rupture avec la civilisation, Erlend LOE montre que le plus difficile n’est pas de s’adapter mais d’échapper aux autres qui, quoique vous fassiez, ne sont jamais bien loin.

(Niveau 2)

PS: Et la suite des aventures de Doppler, c'est ici.

1 commentaire:

  1. Je viens d'achever ce roman découvert sur votre blog. Je l'ai beaucoup apprécié, réflexif et drôle à la fois, et le proposerai certainement en "complément" de "Into the wild" dans un travail de comparaison film + roman ! Merci pour cette proposition !

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