22 septembre 2012

Bon appétit!

My Life in France et Mastering the Art of French Cooking, Julia CHILD

L’aventure culinaire et éditoriale d’une star des fourneaux américaine et de sa passion pour « la belle France ».

Comme beaucoup, je ne connaissais pas Julia Child avant de voir le film Julie & Julia. Loin d’être un chef d’œuvre (le film est bourré de clichés servis à la grosse louche), il avait toutefois le mérite de faire découvrir une star américaine des cuisines et du petit écran.
Pour la petite histoire, j’ai vu ce film en avion. L’un des rares avantages, selon moi, à ne pas se sentir très à l’aise en avion (je n’irai pas jusqu’à dire que j’ai peur mais j’avoue que je dois quand même souvent mettre de côté l’angoisse qui monte durant les longs vols) c’est que tout ce qui peut me distraire est le bienvenu et se revêt de qualités qu’il n’aurait jamais sur la terre ferme. Du coup, n’importe quel film, pourvu qu’il m’empêche de penser, pendant deux heures, au fait que je suis coincé dans une carcasse de métal à des milliers (euh…) de mètres au-dessus d’un océan, est digne d’intérêt. Bref, une fois sorti de l’avion, j’avais très envie d’en savoir davantage sur Julia Child. Le message est si bien passé que ma belle-sœur m’a rapidement offert Mastering the Art of French Cooking, LE livre de cuisine de Child, best-seller sans précédent dans l’histoire de l’édition culinaire outre-Atlantique (et qui a depuis trouvé une place de choix dans ma bibliothèque de livres de recettes). J’ai un peu cherché du côté du net pour voir Julia en action dans ses émissions de cuisine (comme ici). Et, plus récemment, un très gentil collègue m’a passé My Life in France, un livre de souvenirs où Julia Child raconte son parcours et, surtout, sa découverte de la cuisine française.
Quittant la Californie pour la France en 1948, elle y accompagne Paul, son mari, qui rejoint Paris pour s’occuper d’un bureau d’information créé par les États-Unis au lendemain de la guerre pour, en gros, vanter les mérites du plan Marshall. Julia n’a alors aucune culture culinaire mais son premier repas en France, une sole meunière, va lui ouvrir les yeux et les papilles. Dès leur arrivée à Paris, elle commence à s’intéresser au contenu de son assiette, interroge les vendeurs sur le marché et essuie ses premiers échecs aux fourneaux. Bien décidée à venir à bout de la cuisine française, elle s’inscrit à un cours pour apprentis cuisiniers. Au fil des années et des rencontres, elle va tenter de partager sa passion avec le public américain, à travers des cours, des livres et puis, finalement, à la télévision.
Ce livre de souvenirs nous raconte ce parcours auquel il faut associer Paul, son mari. Il la soutient et se met souvent en retrait pour lui permettre de mener à bien tous ses projets. Un couple assez moderne pour l’époque (qui s’amusait notamment à envoyer des cartes de vœux originales ; voir ci-contre), un peu bohème, en rupture par rapport à son milieu (le père de Julia est un farouche républicain qui ne comprend pas le mode de vie de sa fille). Paul sera d’ailleurs inquiété pour ses opinions politiques au moment du maccarthysme.
À côté de l’histoire d’amour entre une femme, un pays et sa cuisine My Life in France est aussi l’histoire d’une aventure éditoriale hors du commun. Mastering the Art of French Cooking est un projet qui aura mis plus de dix ans à voir le jour. Avec ses co-auteures, Child entendait rendre la cuisine française accessible à la ménagère américaine qui, à l’époque, n’en avait que faire du fameux « beurre blanc ». Que ce soit dans la mise en page, dans les explications ou dans la manière de proposer des déclinaisons autour d’une même base, le livre est une petite révolution dans le milieu de l’édition culinaire et imposera une forme et des conventions qui feront date. Du point de vue didactique, l’écriture de Child est un sommet du genre. Tout est limpide, précis et accessible. Et pour le lecteur d’aujourd’hui, même de ce côté de l’Atlantique, c’est un livre que tout amateur se devrait d’avoir dans sa bibliothèque. C’est d’abord la photographie de la cuisine traditionnelle française avant l’arrivée de la nouvelle cuisine mais c’est aussi une mine d’informations et de recettes, entre vraie/fausse simplicité (l’omelette), morceaux de bravoure (le pâté de canard en croute) et plats traditionnels (sa recette du bœuf bourguignon est un must que chacun se devrait d’essayer au moins une fois).
Le caractère enjoué et passionné de Julia Child se retrouve à chaque page de ces deux livres qui n’ont malheureusement jamais été traduits en français.

Références :
My Life in France, Julia CHILD, Alex PRUD’HOMME, Alfred A. Knopf., 2006.
Mastering the Art of French Cooking, Julia CHILD (avec Louisette BERTHOLLE et Simone BECK), Alfred A. Knopf., 1961.

5 commentaires:

  1. jamais traduits en français? c'est plutot étonnant oui...

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    1. J'imagine que Julia Child n'est pas assez connue ici pour attirer les éditeurs.

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  2. Cela pourrait bien m'intéresser; Jamais traduit? Une honte!!!

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    1. En cherchant un peu, j'ai vu qu'il n'y avait pas beaucoup de livres de cuisine française traduits. Un brin de chauvinisme, j'imagine.

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